Art de faire le papier |
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De la platine
129. Dans la partie de la cuve qui répond au cylindre, il y a une platine de métal marqué B (fig. 1), et qui est représentée séparément en bb (fig. 7). Cette platine est sillonné, comme on le voit par sa coupe c, en sorte que les arêtes vives dont sa surface est garnie puissent couper le chiffon, qui est forcé par le mouvement du cylindre de passer entre le cylindre et la platine. 130. Cette platine a deux pieds six pouces de long sur sept pouces de large. On la fait ainsi d'une certaine largeur, afin qu'elle soit plus ferme par sa base, et plus fixe par son poids ; mais comme il n'y a qu'une petite partie de sa largeur qui réponde au cylindre, et qui serve à broyer le chiffon, on la divise en deux parties : l'une a ses arêtes inclinées vers la droite, et l'autre les a inclinées vers la gauche. Quand la partie b est usée, on retourne la platine et l'on fait servir la partie b en sorte qu'il n'y ait jamais que la moitié qui serve. La platine est quelquefois de fer, quelquefois de cuivre rouge. Il est bon d'y faire entrer un peu d'étain, parce qu'il a la propriété de durcir le cuivre. On sait que le bronze ou le métal des canons, qui a environ un dixième d'étain, est plus dur que le cuivre (39). D'un autre côté, il serait dangereux d'y mettre trop d'étain : par exemple, trois parties de cuivre avec une d'étain forment le métal des cloches, qui serait trop cassant pour l'usage dont il s'agit. 131. Pour mettre le cylindre à la distance où il doit être de la platine, on se sert d'un cric, et d'un coin de bois de sept à huit pouces de long, avec lequel il s'agit de sonder le cylindre, c'est-à-dire d'en régler la hauteur. Pour cet effet, l'un des pivots du cylindre est porté sur un levier qui s'étend de f en h (fig. 1), et qui, soutenant le cylindre en g, l'éloigne ou le rapproche de la platine, suivant qu'on élève ou qu'on abaisse le levier par le moyen du cric M. La quantité dont le levier doit être élevé, ou le cylindre écarté de sa platine, est réglée par le moyen d'un coin N, qui se place sous l'extrémité de ce levier, et qui est divisé sur sa longueur. Un ouvrier, toujours attentif sur la cuve à cylindre, est chargé de sonder aussi bien que de spatuler de tems à autre, comme nous le dirons §. 157. La partie S (fig. 4) de l'axe du cylindre, qui et du côté de la lanterne, peut aussi s'élever par le moyen d'un autre cric : mais on n'y touche point, a moins qu'il ne s'agisse de raccommoder la machine ; car, dans le travail ordinaire du papier, on ne saurait élever ni abaisser ce pivot, à cause du rouet qui passe immédiatement sur la lanterne. 132. Les fabricans voudraient que l'on pût élever à la fois les deux extrémités ou les deux pivots du cylindre, en sorte que le cylindre fût toujours parallèle à la platine. C'est en effet un inconvénient très-réel dans la construction précédente, que d'élever une des extrémités du cylindre, tandis que l'autre est fixe. Il est aisé de voir, par les dimensions du cylindre, que si l'on élève le pivot de dix-huit lignes, les barres de fer qui revêtissent le cylindre seront éloignées de la platine vers une extrémité de seize lignes, et vers l'autre de dix lignes seulement ; en sorte que les chiffons passeront beaucoup plus aisément à un endroit qu'à l'autre, et que les barres ou la platine s'useront d'une manière fort inégale. 133. On remédierait à cet inconvénient par une autre forme de moulins, dont nous parlerons §. 174 ; mais dans la construction actuelle il y aurait plusieurs manières d'y pourvoir. Par exemple, on pourrait, au lieu de la lanterne des cylindres, y adapter une roue de champ, ou un autre rouet qui engrènerait dans les alouchons du grand rouet ; l'engrenage ne changerait pas sensiblement, quand même on élèverait le cylindre de deux pouces (40). 134. On pourrait donner au rouage entier de ce moulin une autre disposition qui permettrait aussi d'élever le châssis entier sur lequel portent les deux extrémités du cylindre ; pour cela, il suffirait de placer horisontalement l'axe qui porte la lanterne et le rouet, et qui dans la construction actuelle est situé verticalement ; on placerait une lanterne sur l'axe de la roue à aubes ; on descendrait le cylindre jusqu'au niveau du rouet de l'arbre tournant ; dès-lors le cylindre serait pris de côté par le grand rouet, et l'on aurait la liberté, sans changer l'engrenage, d'élever de quelques pouces les deux pivots du cylindre. 135. Cette construction, aussi simple et plus parfaite que celle dont on a fait usage, nous paraît mériter d'être employée ; elle exigera seulement que sur l'axe de la grande roue à aubes, il y ait un rouet ou une lanterne fort nombrée, sans quoi la vitesse du cylindre ne serait pas assez considérable. Cette disposition ne servirait, à la vérité, que pour un seul cylindre ; mais si sur l'axe qui porte la lanterne et le rouet, on plaçait deux autres rouets parallèles entr'eux, à cinq pieds de distance l'un de l'autre, on aurait de quoi faire mouvoir aisément trois cylindres, comme dans la construction ordinaire, qui seraient pris chacun par un rouet, mais qui seraient tous parallèles entre eux. Cette disposition donnerait même le moyen de faire mouvoir plus de trois cylindres par une même roue, si les eaux étaient assez abondantes pour donner assez de force à cette roue. 136. L'eau qui coule sans cesse dans la cuve à cylindre pour arroser les drapeaux, est rejetée par le cylindre sur un chapiteau, ou espèce de caisse de sapin, qui le recouvre en entier ; elle se filtre au travers d'un châssis de verjure et d'un autre châssis de crin, et tombe dans une gouttière qu'on appelle le dalon, marquée Q dans la planche IV. De là, elle coule dans un égout qui la conduit hors du moulin. 137. A mesure que la cuve reçoit ainsi de l'eau claire par un côté, elle rend de l'autre une eau bourbeuse et noirâtre, chargée des immondices qui se sont détachées du chiffon ; on voit ensuite les matières croître peu à peu en blancheur d'une manière sensible. C'est de ce renouvellement continuel de l'eau des cuves, que dépendent la blancheur et la qualité brillante du papier. Nous en avons déjà parlé ci-dessus.
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