Manuel Roret du Relieur |
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§ 6. - Teinture des peaux
Anciennement, les relieurs teignaient eux-mêmes leurs peaux et, malgré leurs soins, ils ne parvenaient le plus souvent qu'à obtenir des résultats fort imparfaits. La teinture des matières animales et celle des peaux en particulier, présente, en effet, des difficultés nombreuses qu'une pratique constante et des connaissances chimiques très variées, peuvent seules permettre de surmonter. Nous engageons les relieurs à consulter sur ce point le Manuel du Teinturier en peaux qui fait partie de notre Manuel du Chamoiseur, et nous pensons qu'ils feront sagement de se procurer uniquement par la voie du commerce les peaux teintes dont ils pourront avoir besoin ; ils éviteront ainsi des déceptions à peu près certaines et, par suite, des pertes de temps et d'argent inutiles. A propos de la couleur des peaux, basanes, maroquins, veaux, chagrins, M. Ambroise-Firmin Didot, émettait, il y a une vingtaine d'années, une idée ingénieuse qui a été depuis bien souvent mise en pratique, non-seulement pour les livres d'amateur, mais aussi pour ceux de bibliothèque. « Depuis quelque temps, écrivait-il, mais pour le cartonnage seulement, on a adopté des ornements se rapportant, par le dessin, au sujet traité dans le livre qu'ils recouvrent. Il est désirable que les relieurs, sortant de leurs habitudes routinières, cherchent désormais à donner à leurs reliures un caractère plus particulier. Ainsi, comme principe général, le choix des couleurs plus ou moins sombres, plus ou moins claires, devrait toujours être approprié à la nature des sujets traités dans les livres. Pourquoi ne réserverait-on pas le rouge pour la guerre et le bleu pour la marine, ainsi que le faisait l'antiquité pour les poèmes d'Homère, dont les rapsodes vêtus en pourpre chantaient l'Iliade et ceux vêtus en bleu chantaient l'Odyssée ? On pourrait aussi consacrer le violet aux oeuvres des grands dignitaires de l'Eglise, le noir à celles des philosophes, le rose aux poésies légères, etc. Ce système offrirait, dans une vaste bibliothèque, l'avantage d'aider les recherches en frappant les yeux tout d'abord. On pourrait aussi désirer que certains ornements indiquassent sur le dos si tel ouvrage sur l'Egypte, par exemple, concerne l'époque pharaonique, arabe, française ou turque ; qu'il en fût de même pour la Grèce antique, la Grèce byzantine on la Grèce moderne, la Rome des Césars ou celle des papes. » On vient de voir que cette idée de mettre la couleur des peaux en harmonie avec la nature des matières de l'ouvrage, avait reçu d'assez nombreuses applications ; mais, comme il arrive, même aux meilleures choses, elle a été quelquefois singulièrement comprise. Nous n'avons pas oublié l'étonnement dont frappa les gens de goût, à l'exposition universelle de Paris, en 1867, une histoire de Napoléon Ier, envoyée par un relieur anglais qui avait imaginé de la diviser en trois parties égales, rouge, blanc et bleu, croyant sans doute se faire bien venir du public français en lui montrant la réunion des couleurs nationales. |
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