Art de faire le papier |
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Du leveur
267. La fonction du leveur consiste à détacher les feuilles de dessus les feutres qui y sont appliqués par l'action de la presse qu'elles viennent de soutenir. Il se place, comme on le voit en K (pl. VIII, fig. 1), derrière une espèce de banc semblable à celui des lavandiers de certaines provinces : on l'appelle la selle du leveur. On y voit deux châssis formés chacun de deux bâtons ou échalas de bois, équarri, traversés de deux autres qui les assemblera par leurs extrémités comme deux échalons. L'un de ces châssis, qui est le plus long, est incline et appuyé sur le plus court qui lui sert de support à différentes inclinaisons, à peu près comme le chevalet des peintres, ou comme les échelles doubles que l'on promène dans les bibliothèques. Vers le bas du grand châssis il y a deux chevilles l, m, qui avancent assez pour soutenir une planche n appuyée sur le banc, et inclinée d'environ cinquante degrés. 268. C'est sur cette planche que le leveur qui est debout, applique toutes les feuilles après les avoir détachées des feutres. Le vireur commence par relever les feutres avec les deux mains par un côté, afin que le leveur puisse plus aisément détacher les feuilles que la presse y a comme collées ; et lors qu'il les a détachées, le vireur ôte le feutre, le jette à sa gauche, et forme un paquet de feutres qui sont placés sur la mule, pour que le coucheur puisse s'en servir dans la porse suivante, qui se travaille en même tems, comme on le voit dans la figure (71). Le vireur n'est ordinairement qu'un apprenti, et sa partie est aisée ; mais la manoeuvre du leveur demande de l'adresse et de l'habitude, pour ne pas déchirer les feuilles en les levant de dessus les feutres ; elle ne convient qu'à des gens qu'on y a exercés dès leur jeunesse, et non pas à des paysans grossiers et sans habitude : aussi dans de petites fabriques écartées, où l'on ne peut choisir les ouvriers, il se trouve quelquefois un tiers de papiers défectueux, et presque toujours par le défaut de cette opération, ou de celle de l'étendoir. Il est donc utile d'entrer dans le détail de cette manipulation, et des soins qu'elle exige de la part du leveur. On verra que c'est celui des trois ouvriers de cuve, qui doit avoir le plus d'adresse. 269. Le leveur pince le coin de sa feuille qui est de son côté, appelé Bon carron, avec le pouce et l'index de la main droite ; dès que le coin de la feuille est levé de dessus le flautre d'environ un pouce, le leveur le prend de la main gauche, soulève la feuille, en glissant en même tems la main droite vers le milieu de la feuille jusqu'à l'autre coin ; et lorsqu'elle est levée au tiers, il l'élève hardiment des deux mains, et l'étend sur sa planche. Il place sa feuille en deux tems, pour que l'air puisse s'échapper, et qu'il ne se fasse point de muselles, de rides, ou de gaines. 270. Il y a des ouvriers qui mettent un feutre sur la porse, dès qu'ils ont deux ou trois pouces d'épaisseur ; le plus souvent c'est lorsque le leveur a levé la moitié de sa porse, qu'il la couvre avec deux feutres ; ensuite il appuie ses mains de toute sa force pour aplatir la porse depuis les mains de la feuille jusqu'aux pieds, et également sur les rives. Cette demi porse blanche en devient plus plate, plus ferme, et est moins sujette à glisser. Si, malgré cette précaution, sa porse menace encore de tomber, il prend le linge imbibé d'eau, et en fait couler entre la planche et la porse blanche : cette eau empêche la porse de glisser. 271. Le leveur doit avoir l'attention de soulever de tems en tems les, rives de la porse en flautres, principalement celles des mains du bon carron, afin de pouvoir pincer plus légèrement ses feuilles, lorsqu'il veut les lever. 272. Si le coucheur travaille trop vite, et que le leveur se trouve pressé, il n'étend pas exactement ses feuilles l'une sur l'autre ; les carrons ne se correspondent pas exactement. Il arrive alors que les jeteuses après la colle, en pinçant le carron de la première feuille pour la lever, fatiguent le carron de la feuille qui est dessous ; celle-ci se casse quand on vient à la lever à son tour, ce qui occasionne un pied-de-chèvre qu'on ne répare quelquefois qu'en le soudant sur couture ; et alors la feuille n'est mise qu'au chantonné lorsqu'on la retire à la salle (§. 355). 273. La porse blanche, c'est-à-dire la planche couverte de toutes ces feuilles avec leurs feutres, se porte ensuite sous une petite presse qui est de l'autre côté, comme on le voit en L (planche VIII, fig. 1), et qu'on appelle la pressette ; là on en exprime encore le peu d'eau qui pouvait y rester, mais avec modération, doucement, et à plusieurs reprises : autrement on risquerait de couper le papier. 274. Cette pressette donne du corps au papier, et rend le grain plus uniforme, en effaçant les impressions de la verjure. 275. Quelquefois on attend, pour presser en porse blanche, qu'il y ait huit rames de faites en couronne, ou seize porses, c'est-à-dire, l'ouvrage de la journée ; mais pour l'ordinaire on presse en porse blanche trois fois le jour. 276. Il faut brasser la cuve avec la fourche au moins à chaque porse, avoir soin de rechercher tout autour du pistolet, et dans les angles où la matière se dépose, pour se présenter ensuite sur la verjure en forme de pâtons. Toutes les fois que l'on quitte l'ouvrage, if faut rincer le tour de cuve, et tout ce qui communique à la matière du papier. 277. La cuve à ouvrer doit être vidée et lavée à fond tous les quinze jours au moins, en dedans et en dehors. Ce sont les trois ouvriers de cuve qui sont chargés de cet ouvrage, en considération duquel on leur fait grâce de deux porses, c'est-à-dire, d'une rame en couronne. 278. C'est le leveur qui est chargé seul de presser sa porse blanche ; d'apporter la pâte dans la cuve de l'ouvrier au moyen de la bachole, et d'entretenir le feu dans le pistolet ; de le garnir tous les soirs pour le lendemain, et de brasser la cuve s'il y reste de la pâte ; d'en laver les bords, d'aller chercher le couvercle de la cuve conjointement avec le coucheur, et de porter les porses blanches aux étendoirs. 279. La porse blanche, ainsi formée d'environ huit cents feuilles, se porte aux étendoirs ; là il s'agit de les séparer et de les étendre, non pas une à une, mais par paquets de sept à huit feuilles si c'est de la couronne, plus ou moins dans les autres grandeurs.
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