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Le FORT Le FAIBLE et Le MITANDIER
Ainsi se nomment les maillets qui battent dans une pile dont chaque creux de pile en contient trois.
Dans celle que j'ai fait construire sur les plans que j'ai trouvés dans le livre de Boithias et Mondain sur les moulins à papier d'Auvergne, j'ai deux creux de pile et deux fois trois maillets qui battent symétriquement : les deux les plus proches dans chaque creux de pile puis ceux du milieu puis les extérieurs se lèvent et retombent en même temps.
D'abord les « Forts » puis les « Mitandiers » et enfin les « Faibles ». La pâte circule dans le creux de pile du faible vers le « Mitandier » puis vers le « Fort » et revient par-derrière les maillets vers le « Mitandier » puis vers le « Faible ». Elle fait la même chose dans chacun des creux de pile de façon symétrique. Dans le sens des aiguilles d'une montre dans la pile de gauche et le contraire dans celle de droite. Pourquoi ? J'avoue que je n'en sais rien. Un physicien m'expliquerait certainement cela. Il est frappant de constater que le mouvement que je constate est exactement l'inverse de celui décrit par Boithias dans « les moulins à Papier d'Auvergne » (déjà cité) alors que la pile ( creux de pile et maillets) est traits pour traits la même que celle qu'il décrit puisqu'elle a été construite sur ses plans. Par contre je crois comprendre d'où viennent les noms de chaque maillet qui, normalement, sont censés ne pas faire exactement la même taille et le même poids. Ceux que j'utilise sont identiques, mais je joue sur leur force de frappe en les faisant travailler de façon inégale (en les soulevant plus ou moins selon l'effet que je veux obtenir) ce que faisaient aussi les utilisateurs des piles autrefois. J'ai remarqué que le niveau de la pâte dans le creux de pile était toujours beaucoup plus élevé sous le « Faible » et donc beaucoup plus bas sous le fort. Celui-ci déplaçant et frappant un volume moins important a tendance à frapper beaucoup plus fort la platine d'où son nom. Le « Faible déplace un volume beaucoup plus important de pâte donc paraît moins puissant alors qu'il travaille beaucoup plus. Le Mitandier lui est exactement au niveau moyen de la pile et dans celle avec laquelle je travaille, il semble aussi puissant que le « Fort » simplement parce qu'il se lève un peu plus haut au passage de la came. Mes réglages font que le « Faible » se lève plus haut que les deux autres. Il est vrai que s'ils travaillaient exactement avec la même amplitude, le « Fort serait bien plus bruyant que son voisin le « Mitandier » qui serait plus bruyant que le « Faible » qui deviendrait même complètement inefficace, la pâte ne circulant plus sous ses coups. (Elle s'accumulerait, formant un coussin tassé et de plus en plus épais jusqu'à ce que le maillet ne soit plus pris par la came) En allongeant plus ou moins le bec de canard qui permet à la came de soulever le maillet on contrôle l'intensité du travail et on se rend compte qu'on peut régler la vitesse de circulation de la pâte dans le creux de pile. Cela dit cette vitesse n'est pas forcément un critère de rendement. Les maillets retombant toujours à la même cadence, la pâte reçoit la même quantité de coups, qu'elle circule plus ou moins vite. Si elle se déplace lentement elle reçoit beaucoup de coups à son passage, si elle se déplace plus vite elle repasse plus souvent mais plus vite sous les maillets.
Jacques Brejoux
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