Le Moulin du Verger

papeterie artisanale depuis 1539 & atelier de reliure manuelle

Sommaire du manuel Roret du relieur

§ 11. - Coupage des coins

Autrefois, les relieurs coupaient les coins intérieurs des cartons du côté du dos, en prenant de loin environ 3 centimètres et arrivant au bord ; mais, en couvrant le volume et en collant les gardes, il se formait dans ce vide un paquet de papier plissé qui produisait un vilain effet. Aujourd'hui on n'opère plus de même et l'ouvrage est plus propre; on coupe seulement, avec de gros ciseaux ou avec le couteau à parer, le petit angle qui excède la tranche.

Cela fait, on abat avec un morceau de bois rond, en frottant fortement, les noeuds des tranchefiles ; ensuite on colle sur le dos proprement, soit une bande de parchemin mouillé, avec de la colle de farine, soit, ce qui vaut mieux une bande de toile ou de mousseline, avec de la colle forte légère et chaude. Ces bandes doivent partir de l’extrémité supérieure d’une tranchefile à l’autre, être collées sur les tranchefiles du côté du dos, ainsi que sur le dos, et avoir toujours la largeur du dos.

L’usage de la toile a été introduit en France par Bozérian et Courteval, à l’imitation des Hollandais, des Anglais et des Allemands. Appliquée à la colle demi-forte, la toile est d’un bon emploi ; elle tient le dos ferme et lui procure une élasticité que n’avaient pas les reliures anciennes. Elle tient fort bien sur les dos et s’en détache avec peine, et lorsqu’il faut relier de nouveau le livre qu’elle protège, elle s’enlève facilement au moyen d’une éponge humide. Qu’on laisse sécher le dos un quart d’heure, et l’on peut ensuite séparer les cahiers sans nul dommage. Cependant la toile n’exclut pas l’usage des parchemins qui, bien plus que les nerfs, font tenir le carton au livre.

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