Manuel Roret du Relieur |
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§ 1. - Glaçage
Le papier d'impression est loin d'être aussi uni qu'il le paraît. Il présente toujours des milliers de petites rugosités, souvent microscopiques, qui proviennent des empreintes laissées par les toiles métalliques sur lesquelles on a reçu la pâte, et que l'apprêt donné par le fabricant n'a pu détruire. Ces rugosités, forment ce qu'on appelle le grain du papier. On les fait disparaître, pour les ouvrages qui demandent des soins particuliers, afin de disposer le papier à une impression parfaitement égale, où les moindres finesses de la lettre et de la gravure se montreront avec toutes leurs délicatesses. C'est l'opération destinée à produire cet effet qui porte le nom de GLAÇAGE. Elle s'effectue généralement chez l'imprimeur ; néanmoins, dans les très grands ateliers typographiques, on juge économique de s'en dispenser et on la confie à des industriels spéciaux : c'est pour ce motif que nous avons cru devoir en faire l'objet d'une notice particulière. Le papier que l'on veut glacer doit être mouillé modérément ; s'il l'était trop, les feuilles seraient difficiles à manier et l'opération deviendrait presque impraticable. Pour procéder au glaçage, on encarte le papier, c'est-à-dire qu'on intercale chacune de ses feuilles entre deux plaques de zinc parfaitement polies et dressées. La grandeur de ces plaques varie nécessairement suivant le format des papiers et il est nécessaire qu'elles débordent de 2 centimètres au moins, sur tous les sens, les feuilles à la préparation desquelles elles doivent servir. Dans tous les cas, quand on a formé un paquet, ou jeu, de vingt-cinq feuilles environ, on les met en presse, et on leur donne un nombre plus ou moins grand de pressions, selon la qualité du tirage que l'on veut faire, suivant aussi l'épaisseur et la résistance du papier. La presse qu'emploie le glaceur, et qu'on appelle presse à glacer, n'est autre chose qu'une sorte de laminoir à deux cylindres en fonte, placés l'un au-dessus de l'autre, dans le même plan vertical, et qui peuvent être écartés ou rapprochés à volonté au moyen d'un régulateur approprié. Le mouvement est donné directement au cylindre supérieur à l’aide d'une manivelle ou d'un moulinet actionné par un ou deux hommes, et des engrenages le transmettent au cylindre inférieur. Aussitôt que le jeu de feuilles et de plaques est engagé entre les cylindres, il est entraîné par ceux-ci, qui tournent en sens contraire, et il glisse sur l’inférieur en même temps qu'il est pressé par le supérieur. Quant il est arrivé de l'autre côté de la machine et qu'il ne s'y trouve pris que d'une très petite quantité, on imprime un mouvement en sens contraire pour le ramener à son point de départ. On le fait ainsi passer et repasser autant de fois qu'on le juge nécessaire. Les plaques de zinc doivent être essuyées très souvent, à cause de l'oxydation qu'y produit le contact du papier humide. Autrement, les feuilles en sortiraient tachées ou tout au moins revêtues d'une teinte grisâtre qui dénaturerait leur couleur naturelle. La presse que nous venons de décrire très sommairement a été modifiée de différentes manières. Au lieu de fatiguer les hommes à tourner un moulinet ou une manivelle, plusieurs inventeurs ont eu l'idée de donner le mouvement à l'aide d'une courroie de transmission et d'un embrayage à double sens, et, en outre, de faire opérer par la machine elle-même l'écartement ou le rapprochement des cylindres, opération qui doit être exécutée très souvent. MM. Claye et Derniane ont réalisé ce double perfectionnement pour les divers cas où le papier doit recevoir plusieurs pressions. Au lieu d'un seul laminoir, ils en emploient deux, qui sont placés l'un derrière l'autre ; les cylindres du second laminoir, plus rapprochés que ceux du premier ; servent à donner la seconde passe par un seul et même mouvement. Une fois qu'ils sont convenablement réglés, les deux jeux de cylindres produisent un glaçage parfait avec beaucoup de rapidité, et les choses se passent de telle sorte qu'une seule machine peut remplacer trois ou quatre laminoirs ordinaires, c'est-à-dire à mouvement alternatif. Les fig. 1 et 2 (planche 1ère) représentent deux vues de la presse à glacer de MM. Claye et Derniane ; la première en est une élévation de face, en partie coupée; la seconde, une élévation par bout. « La machine comprend deux bâtis CC, assemblés, par des entretoises fortement boulonnées. La partie supérieure de chacun de ces bâtis est munie d'une double annexe AA, ayant pour objet de recevoir les tourillons des cylindres supérieurs de pression. « Ces supports reçoivent les coussinets dans lesquels s'engagent les arbres des cylindres ; à cet effet, ils présentent sur leurs faces latérales intérieures des coulisses dans lesquelles glissent les coussinets, et ces coussinets o peuvent monter ou descendre, et être fixés à demeure au moyen de vis de pression b et b'. « Les glissières des supports-annexes A sont divisées, ainsi que la vis de calage, de manière à permettre un serrage de règlement en rapport avec le serrage des premiers cylindres BB. « Les vis supérieures des supports-annexes A, sont d'ailleurs garnies de contre-écrous pour obvier au desserrage des coussinets. « A l’avant des deux cylindres presseurs BB, sont disposés des petits rouleaux cc montés sur leurs axes. C'est sur ces rouleaux que sont placés les paquets de papier enveloppés dans les feuilles de zinc. Ils passent sous les cylindres BB convenablement rapprochés ; puis, à leur sortie de ces premiers cylindres, ils sont saisis par les seconds cylindres B'B' qui, à leur tour, leur font subir l'opération du pressage, et sortent enfin de l'appareil en glissant sur les cylindres ou rouleaux c'c', qui les conduisent sur la table de service. « Pour produire les divers mouvements de transmission, un arbre L porte les deux poulies D et D', l’une folle pour permettre le désembrayage, la seconde fixe. Sur ce même arbre sont calés une roue dentée F, et un volant régulateur E. « Les deux cylindres inférieurs des presseurs sont munis de pigeons d, actionnés par une roue intermédiaire G en relation avec la roue dentée F. « L’arbre moteur L peut être mis en mouvement, soit à la main par l'effet d'une manivelle, soit par un moteur quelconque et l'intermédiaire des courroies de transmission. Les rouleaux d'arrière c'c', reçoivent à leur circonférence une courroie ou toile sans fin ee, qui vient envelopper une poulie calée sur l'arbre du rouleau inférieur B'. « Cette courroie peut être convenablement tendue par une poulie additionnelle f, disposée à l'extrémité d’un tendeur i, pouvant monter et descendre dans une rainure pratiquée sur l’aminci A du bâti. « Pour opérer, une chasse plus rapide des paquets soumis à l'action de la machine, on a disposé les rouleaux c' sur une ligne légèrement inclinée vers l'arrière du bâti. « On se rend parfaitement compte du service de cette machine d'après la description qui vient d'en être faite, et surtout de la célérité et de l'énergie des pressions auxquelles sont soumis les paquets ; la double action ayant lieu pour ainsi dire instantanément, puisque, à peine les premiers cylindres presseurs finissent-ils d'opérer, que les seconds ont déjà commencé leur service. » |
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