Manuel Roret du Relieur |
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7° Grande presse
La GRANDE PRESSE du relieur est une presse à vis qui, anciennement tout en bois, est construite aujourd'hui, tantôt en fer seulement, tantôt en bois et fer. En outre, le barreau, employé autrefois pour faire tourner les vis, a été avantageusement remplacé par d'autres mécanismes, balanciers, volants horizontaux avec ou sans poignées, etc. Nos planches représentent quelques-uns des modèles qui sont actuellement en usage. 1. Presse anglaise Le dessin (fig. 25, planche II), fait aisément comprendre le jeu et la manœuvre de cette machine. Quatre jumelles en fer fondu sont implantées dans un plateau solide et fixe. Elles maintiennent un autre plateau mobile. C'est entre ces deux plateaux que les livres doivent être pressés. La pression est exercée au moyen d'une vis de métal, qui est mise en jeu au moyen d'une roue horizontale dont les dents sont prises dans le filet d'une vis sans fin que l'on fait tourner. Aucune presse ne tient moins de place que celle-ci. La pression est graduée, uniforme, sans secousse, et convient par conséquent aux délicates opérations de la reliure, bien mieux que les anciennes presses à levier et la plupart des presses actuelles à balancier. 2. Presse à percussion Cette presse (fig. 26, planche II) est également tout en fer. Elle offre les mêmes avantages que la précédente, dont elle n'est, en réalité qu'une heureuse simplification. Comme l'indique le dessin, on la met en mouvement en agissant sur des poignées fixées à la partie inférieure d'un volant horizontal. A cause de la facilité avec laquelle on peut la faire fonctionner et régler son action, c'est celle qu'on préfère aujourd'hui dans un grand nombre d'ateliers. 3. Presse à balancier Cette presse (fig. 27, pl. II), qui est aussi tout en fer, peut servir pour presser les livres, et en même temps de presse à dorer. On applique la pression au moyen du balancier a, des sphères bb dont il est armé, et des poignées dont celles-ci sont munies. La distance entre les colonnes en fer forgé c, c est d'environ 0m.60. Le bloc en fer d peut être enlevé pour qu'on puisse insérer les gros volumes, ou remplacé, quand il s'agit de dorer, par des boîtes contenant des objets en fer portés au rouge. Cette presse et toutes celles du même système ont deux inconvénients assez graves. D'abord, si l'objet qu'on veut presser est élastique, la vis est sujette à remonter après le coup de balancier ; en second lieu, lorsqu'on veut appliquer une nouvelle pression, il faut d'abord que la vis desserre pour pouvoir donner une nouvelle impulsion au balancier, desserrage qui peut avoir pour conséquence de déplacer les objets en presse, et d'exiger du temps pour les remettre en place et donner une succession de coups. En général, les presses à balancier sont plus particulièrement propres à donner une forte pression aux feuilles pliées, qu'on peut ainsi se dispenser de battre. 4. Presse différentielle La PRESSE A MOUVEMENT DIFFÉRENTIEL de Hunter, possède la double propriété d'appliquer une pression énergique, et d'opérer avec une grande célérité. « Dans les presses ordinaires pourvues d'une vis simple, l'action de la vis, par suite de l'antagonisme entre la vitesse et la force, se trouve renfermée dans d'étroites limites, de façon qu'une presse d'une construction déterminée, ne peut être employée qu'à un seul service. Ainsi, par exemple, s'il s'agit de presser du papier mou et doux, pour qu'il y ait économie du temps, il faut que le mouvement soit, au commencement, étendu ou rapide, tant que le papier ne présente encore que peu de résistance, puis, à mesure que la pression augmente, il est nécessaire que la vitesse, c'est-à-dire la descente de la vis diminue, et au contraire qu'on puisse augmenter la pression pour surmonter la résistance croissante. Si donc on fait usage d'une seule et même presse pour presser diverses natures de papier, on perd un temps considérable, quand la vis est d'un pas fin, jusqu'au moment ou la platine vient à être mise en contact avec le volume, et cette platine ne marche pas avec plus de célérité à vide que quand la presse est en charge. « Même dans le cas ou une perte de temps est sans conséquence, il faut, quand on veut obtenir une pression très énergique, faire le levier de presse très long ou, ce qui est la même chose, la marche de la vis très lente au moyen d'un pas fin, moyen, toutefois, dont on ne peut user que dans certaines limites, car, dans ce cas, le levier devient d'un grand poids, et exige une vis forte en proportion, et d'un autre côté, le filet doit être assez fort pour pouvoir résister aux efforts auxquels il est soumis. « La particularité qui distingue la presse à mouvement différentiel de Hunter, consiste dans la combinaison de deux pas de vis différents. La vis différentielle marche, en effet, dans la direction que doit avoir la vis à grande allure, tandis que la vis à petit pas s'avance en même temps en sens contraire. Il en résulte que pendant un tour, le mouvement de vis n'est pas égal à la somme du pas des deux vis, mais bien à leur différence, c'est-à-dire qu'on obtient le même effet que celui que donnerait une vis simple, dont le pas ne serait que la différence des pas des deux vis. On parvient donc ainsi à obtenir cette pression qu'on désire, en règlant convenablement le mouvement réciproque de ces vis. « La figure 28, pl. II, est une vue en élévation de la presse de Hunter, et la figure 29, une section partielle prise par la vis et l'écrou. « La traverse A est renflée au milieu, et constitue à son intérieur un écrou taraudé, dans lequel joue la vis B, qu'on manœuvre au moyen du double levier C C. A travers cette vis B, qui est creuse et taraudée aussi à son intérieur, passe la vis massive DD, qu'on fait tourner avec le levier E. Pour relever la platine F F à la hauteur voulue, on fait tourner, au moyen du levier supérieur E, la vis intérieure, et après qu'on a disposé dessous, l'objet qu'on veut presser, on la fait redescendre jusqu'à ce qu'elle touche cet objet. A partir de ce point, où l'on a besoin d'une pression plus énergique, on saisit des deux mains les leviers C,C qu'on fait tourner, ce qui imprime à la vis D, dans la ligne verticale, un mouvement différentiel dans lequel, à raison du frottement sur la platine F F, elle n'éprouve aucune rotation. Plus est grande la différence entre les pas des deux vis, plus aussi est puissante, dans les mêmes circonstances, la pression produite. « Ces sortes de presses occupent peu de place, sont peu massives, les filets y sont peu exposés à se rompre, leur manoeuvre est simple et rapide, et leur service excellent. » 5. Presse hydraulique Les relieurs dont les travaux sont très considérables, ne trouvant pas assez de puissance à la presse ordinaire plus ou moins améliorée, ont recours à la PRESSE HYDRAULIQUE, la plus puissante de toutes celles qui ont été inventées. Nous ne voulons pas la décrire en détail, car un appareil de cette importance ne pourrait être compris sur les indications sommaires dans lesquelles nous serions forcés de nous renfermer ; mais nous en donnerons au moins une idée succincte. Dans la presse hydraulique, la pression est exercée au moyen d'une platine mobile entre quatre montants en fer ; mais à l'inverse de ce qui a lieu dans les presses ordinaires, cette platine exerce la pression de bas en haut, et non de haut en has. La puissance de compression vient d'une pompe qui est placée à la droite de la presse, et qui est alimentée par l'eau contenue dans un réservoir situé à proximité et ordinairement sous la pompe. L'eau qu'elle aspire est ensuite envoyée par elle dans la base de la presse sur laquelle elle exerce sa pression. Ce liquide agissant avec une force proportionnelle à la largeur de cette base, multipliée par la force avec laquelle il est poussé, soulève avec une énergie irrésistible le cylindre qui supporte la platine, et par conséquent presse fortement contre la faîtière de la presse les papiers et les livres dont elle est chargée. Quand la pression a été poussée aussi loin que le permet le levier ordinaire de la pompe, on y ajoute, si l'on veut, un levier plus long, qui alors est manoeuvré par deux hommes. La puissance de la presse hydraulique est si considérable que, dans les ouvrages communs, on peut épargner les trois quarts du temps nécessaire avec la presse ordinaire. Quand on veut retirer les livres, on ouvre un robinet placé au bas du tube de compression, l'eau s'écoule dans la citerne, la platine s'abaisse, et les livres descendent à la portée de l'ouvrier. Ordinairement la même pompe sert à faire agir deux presses placées l'une à droite, l'autre à gauche. Mais nous devons dire que cet appareil doit être manoeuvré avec précaution. Il est assez fort pour faire éclater en allumettes une bûche de poêle placée à bois debout. Si l'on poussait la pression sans ménagement, les feuilles finiraient par s'incorporer ensemble de façon à ne pouvoir plus être séparées. |
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