Manuel Roret du Relieur |
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6° Presse à rogner
Comme son nom l'indique, c'est avec elle que l'on coupe la tranche des livres. Sa construction ne diffère guère de celle de la presse à endosser dont nous dirons bientôt quelques mots ; mais elle a des dimensions plus grandes. Elle est représentée figures 31 à 36, planche II, ainsi que son accessoire indispensable, le fût à rogner. On en distingue deux sortes : la presse ordinaire et la presse anglaise. 1. Presse à rogner usuelle La PRESSE A ROGNER USUELLE se compose de six pieces : 1° Deux jumelles A B (figure 34), de 1m.17 de long, 18 centim. de large et 14 centim. d'épaisseur ; 2° Deux clés de 65 cent. de long et 3 cent. et demi en carré ; 3° Deux vis E F (figure 34), dont la longueur totale est de 76 centim. Pour avoir une force, suffisante, ces vis doivent avoir 7 centim. de diamètre, et leurs pas être serrés autant que peut le permettre la résistance du bois. La tête de ces vis est plus grosse que leur corps, afin de bien appuyer contre la jumelle et d'exercer la pression désirable. Cette tête est percée de deux trous diamétralement opposés, dans lesquels on passe la barre C pour faire mouvoir la vis. Elle a environ 17 centim. de long. Les filets de chaque vis ne descendent qu'à 14 cent. de la tête. Dans cet espace, qu'on appelle le blanc de la vis, on a creusé au tour une rainure de 2 centimètres de diamètre et 10 millimètres de profondeur, qui reliait une cheville de ce même diamètre, sur laquelle la vis tourne, sans que la tête sorte, pour pousser ou attirer l'autre jumelle. La cheville dont il vient d'être question traverse la jumelle de devant. Cette jumelle est renforcée intérieurement par une tringle de bois dur, de 7 millimètres d'épaisseur, dressée en chanfrein, c'est-à-dire plus épaisse vers le bord supérieur de la jumelle avec lequel elle affleure, que par le bas. Cette disposition est nécessaire pour que le livre soit bien serré par le haut où s'opère la rognure. Un pas de vis exactement semblable est pratiqué dans les trous de la jumelle de derrière, qui sert d'écrou à chaque vis. Au-dessus de cette jumelle est fixé un liteau de bois dur qui sert à diriger le fût du couteau. Ce liteau, de 18 a 20 millimètres de large et 13 millimètres d'épaisseur, est fixé parallèlement à la ligne qui joint les deux jumelles. Il est reçu dans une rainure pratiquée au-dessous du fût, dans laquelle la vis est taraudée. La presse à rogner se pose à plat sur un porte-presse D (figure 34), pour qu'elle se trouve à la hauteur de l'ouvrier. Le porte-presse est une espèce de caisse très solide qui tout à la fois sert de support à la presse et reçoit les rognures à mesure qu'elles tombent. 2. Fût à rogner, appelé aussi rognoir Le FûT A ROGNER est une petite presse destinée à glisser sur la grande, que nous venons de décrire. Il est formé de deux jumelles, de deux clés et d'une seule vis. Ces pièces sont assemblées comme celles de la presse à rogner. La jumelle de devant, contre laquelle appuie la tête de la vis, porte par-dessous le couteau. Ce couteau, qui est en acier, et dont le tranchant aiguisé par-dessus en fer de lance, et plat en dessous, est reçu, en queue d'aronde, dans une pièce de fer portée par la jumelle de devant. On le sort plus ou moins, à volonté, et on le fixe à l'endroit convenable, au moyen d'une vis à oreilles, taraudée dans la partie supérieure de la pièce de fer qui le supporte. La pièce de fer qui supporte le couteau est placée sous la jumelle de devant ; elle est fixée à cette jumelle par un boulon à vis à tête carrée, dont la tige traverse la jumelle à côté du blanc de la vis, et remplace la cheville de bois qui empêche la vis de sortir dans la presse à rogner : elle se loge, comme cette dernière, dans une entaille circulaire creusée au tour. Ce boulon se termine, en dessus du fût, par une vis serrée par un écrou à oreilles. Le dessous de la plaque dont nous venons de parler est en queue d'aronde ; il reçoit le manche du couteau, qui, ayant une même forme, y glisse librement et sans jeu. L'extrémité du couteau est comprimée, vers son tranchant, par une vis à oreilles, comme nous l'avons dit, pour le fixer au point convenable. C'est un relieur de Lyon qui a imaginé ce perfectionnement; de là est venu le nom de fût à la lyonnaise, donné au fût qui présente cette disposition et, qui est le meilleur de tous. La fig. 31 montre le fût hors de la presse. On y remarque la vis a b, les deux clefs e et f, et les deux jumelles c et d. La jumelle d est taillée en dessous en queue d'aronde pour s'engager dans une tringle placée sur la presse à rogner et découpée pareillement en queue d'aronde ; la jumelle c porte par-dessous une boîte n, en fer et à coulisse, dans laquelle passe à queue d'aronde le couteau mm, qui est pressé au point convenable par la vis à oreille o. Fig. 32 et 33. Les deux jumelles c d vues de face, un peu en perspective par-dessous. Le trou g de la jumelle d est taraudé et sert d'écrou à la vis a. Le trou h de la jumelle c n'est pas taraudé ; il reçoit le collet de la vis, qui y tourne librement, lorsque l'ou vrier la fait mouvoir circulairement. Les quatre trous carrés i,i,i,i, reçoivent les clés e et f. On remarque aussi sur cette jumelle c une coulisse en queue d'aronde q et une entaille p, dans laquelle se loge la boîte en fer n qui porte le couteau à rogner. La fig. 35 donne une coupe sur une plus grande échelle de la jumelle c afin de montrer l'ajustement du couteau à la lyonnaise. On voit en n une plaque en fer qui porte par-dessous une rainure en queue d'aronde pour recevoir, pareillement à queue d'aronde, la queue du couteau qu'on avance ou qu'on recule à volonté et qu'on fixe à la longueur convenable par la vis de pression o, fig. 32. La boîte n reçoit dans un trou carré et à biseaux la tête pareillement carrée et à biseaux du bouton à vis r qui traverse la hauteur de la jumelle et fixe cette boîte contre le dessous de la jumelle par un écrou à oreilles s, le tout représenté dans la figure 36. On peut rendre la presse à rogner plus juste (elles ne le sont jamais trop), en fixant une plaque de laiton écroui sur la surface entière de chacune des deux jumelles, ce qui empêche que ces jumelles ne se creusent autant qu'elles le font, à l'endroit où frotte le fût en rognant. 3. Presse à rogner anglaise Cette presse, représentée fig. 37, pl. II, a été inventée par M. James Hardie, relieur à Glascow. Une seule vis en fer remplace les deux vis en bois de la presse ordinaire. L'appareil consiste en un châssis carré. Deux des jumelles ont une rainure, ou coulisse intérieure, dans laquelle avance et recule une traverse mobile, suivant l'impulsion que lui donne une vis dont l'écrou est noyé dans la traverse qui ferme le châssis à droite de l'ouvrier. Cette vis est liée par l'autre bout à la traverse mobile, par un collier qui lui permet d'ailleurs de tourner librement. La presse Hardie est plus simple que la presse ordinaire, moins coûteuse, plus commode, mieux appropriée à un travail économique. Néanmoins, elle est peu employée en Angleterre, et elle est presque inconnue en France. |
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