6. Reliure de luxe
En raison des connaissances artistiques qu'elle exige, de l'habileté technique qu'elle réclame et du prix élevé des matières qu'elle emploie, la reliure dite de luxe ne peut être abordée que par un très petit nombre de personnes.
Elle habille ces livres exceptionnels, missels, antiphonaires, livres de mariage, paroissiens, etc., qui s'allient au travail le plus exquis du fer, de l'acier, du bois ou de l'ivoire, ou qui, enrichis de métaux précieux, de pierreries et, d'émaux, ressemblent à des pièces de bijouterie et sont uniquement destinés à rester enfermés dans des écrins. Quand un artiste véritablement digne de ce nom la dirige, elle maintient fidèlement en harmonie les décorations de style avec les époques et les sujets traités, et, bien loin de se laisser absorber par le sculpteur, le ciseleur, le joaillier et le bijoutier, elle les plie, au contraire, aux besoins spéciaux de chacune des oeuvres qu'elle a entreprises, et les reduit au seul rôle qui leur appartient, celui de simples auxiliaires. De cette manière, elle ne peut plus être envahie par cette exubérance d'accessoires, qui est toujours un signe de décadence et dénote, chez celui qui l'emploie, un manque absolu de jugement et de goût.
Ainsi que l'a dit un homme d'infiniment d'esprit :
« Sachons maintenir la reliure bijou dans l'étroit domaine qui lui appartient. Qu'elle ajoute du charme à la religion des souvenirs, qu'elle prête son concours à des oeuvres d'un mérite exceptionnel, ou qu'elle consacre, dans un style sévère, les aspirations religieuses, nous le comprenons ; mais, en dehors de ces limites, elle détruirait l'Art véritable, elle le perdrait dans une recherche futile et prétentieuse ; elle tomberait dans le puéril ou dans le monstrueux, comme on en a vu trop d'exemples à toutes les Expositions. »