Manuel Roret du Relieur |
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Chapitre 1 - Séchage
Ainsi que nous venons de le dire, le SÉCHAGE ou ÉTENDAGE ont pour but d'enlever au papier toute l'humidité qu'il contient, afin qu'il se conserve à l'abri de toute avarie ultérieure, et de faire sécher l'encre d'imprimerie pour qu'elle ne se reporte pas d'une feuille sur l'autre et qu'elle ne macule ou salisse pas les cartes à satiner que l'on emploie pour effacer les reliefs donnés au papier par les caractères typographiques. Pour opérer, il faut choisir un local bien aéré, pourvu de tuyaux chauffés à la vapeur, de préférence aux tuyaux de poêles, qui ont le grave inconvénient de causer des incendies, ou chauffé à l'air chaud par des bouches de calorifère. On fait encore usage de fours ou chambres à air chaud ou froid, que l'on introduit alternativement au moyen de ventilateurs, ce qui permet de passer au laminoir ou à la calendre, au bout de quelques heures, les feuilles ainsi séchées. Cette opération exige une grande prudence, afin de ne pas faire durcir les papiers jusquà les rendre cassants. A une certaine distance du plafond, on dispose parallelement des cordes ou des tringles en bois blanc, destinées à recevoir les feuilles de papier. Les cordes ont le grave défaut de tordre les feuilles de papier en les déformant plus ou moins. Si l'on se sert de tringles en bois, il faut donner la préférence au peuplier, qui a l'avantage de ne pas tacher le papier. 0n dispose sur champ ces tringles, qui ont de 5 à 6 centimètres de hauteur sur 1 à 2 centimètres d'épaisseur et dont le dessus doit être arrondi, afin de ne pas laisser de pli sur la feuille de papier. Elles doivent être rigides, et ne pas avoir une portée trop grande; on peut donc, suivant les exigences du local, les soutenir par une autre tringle transversale de 4 à 5 centimètres carrés. Avant d'étendre les feuilles, on commence par les placer sur une table dans un certain ordre. Pour cela, après avoir pris l'une d'elles, on la pose à plat sur cette table, de façon que la signature touche cette dernière, sur la gauche de l'ouvrier, puis, sur cette feuille et de la même manière, on met, les unes sur les autres, pour en former une pile, toutes les feuilles semblables, c'est-à-dire qui portent la même signature. Ces préparatifs terminés, on procéde à l'étendage. Pour cela, l'ouvrier prend ce qu'on appelle une pincée de feuilles, c'est-à-dire une poignée de cinq ou six feuilles, d'une demi-main au plus, mais composée d'une ou deux feuilles seulement si le séchage doit être fait rapidement. Il tire un peu vers lui cette pincée, que l'on nomme ferlet ou étendoir, couche l'excédant de la feuille par-dessus, puis pose cette première pincée à cheval sur l'une des cordes ou des tringles. Moyennant cette disposition, la signature se trouve en dehors, et l'on peut la retrouver facilement et la lire, si l'on en a besoin. On remplit ainsi successivement toute l'étendue de la première corde ou de la première tringle, après quoi on passe aux suivantes ; mais il faut toujours avoir soin que l'extrémité de chaque poignée porte d'environ 4 à 5 centimètres sur la précédente, ce qui, tout en économisant l'espace, permet, quand le papier est sec, de faire glisser plusieurs poignées sur une seule et abrège ainsi l'opération du détendage, qu'on nomme encore relevage. Lorsqu'on est arrivé à la dernière pincée de la pile ou de la feuille dont on s'occupe, on a soin, avant de la poser sur la corde, de la couvrir d'une maculature, en d'autres termes, d'une feuille de gros papier commun. Cette maculature sert à indiquer la fin de chaque feuille, et à annoncer le commencement de la suivante. On distingue de la même manière les différentes sortes de papiers, par des maculatures de couleur ou de nature différente. On ne doit pas oublier, quand on étend les feuilles, de les bien redresser. Il faut surtout se garder de les mêler et avoir soin de les tourner toutes dans le même sens. Enfin, on ne doit pas perdre de vue que le papier épais et sans colle sèche moins vite que le papier mince et collé, et qu'en général, quelle que soit la température du séchoir, il est bon que les feuilles restent sur les cordes au moins six heures et, de préférence, dix à douze heures, si cela est possible. Lorsque les feuilles sont suffisamment sèches, l'ouvrier, toujours muni du ferlet, fait glisser plusieurs pincées l'une sur l'autre, pour en former une poignée, qu'il enlève et bat sur la table, pour les bien égaliser. Enfin, il réunit en un seul tas, ou pile, toutes celles d'une même signature, ou par séries de 100 ou au-dessus, au moyen d'une marque quelconque. |
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