Manuel Roret du Relieur |
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§ 6. - Machines à rogner
Anciennement, dans toutes les industries qui ont besoin de rogner le papier, on n'employait pas d'autre instrument que le rognoir du relieur. On a vu que, pour se servir de cet outil, le papier est placé verticalement dans une presse, et que l'ouvrier est obligé de tourner à la main le manche de la vis du fût afin de faire avancer le couteau progressivement, de sorte qu'il peut, faute d'habitude ou par distraction, avancer le couteau plus qu'il ne devrait, et qu'alors la résistance que présente le papier est trop grande, ce qui produit des déchirures ou d'autres graves inconvénients. Dans le rognoir mécanique dont nous allons donner la description, tous ces défauts ont disparu, et le travail se fait avec plus de régularité. « Les figures 38, 39, 41, 42 et 43) montrent l'instrument dans tous ses détails. Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets dans toutes les figures. Sur une table très épaisse A A, montée sur quatre forts pieds B B, assemblés à tenons et mortaises, sont fixés à pattes, par derrière, deux montants C C, D D, en fer forgé, épais de la moitié de leur largeur. « Ces deux montants servent de support à la machine. Sur le devant de ces deux montants est solidement fixée une plaque de fonte E E, ouverte de deux grands trous F F, dans la vue de la rendre plus légère. « En G G et H H, sont rivées deux bandes de fer forgé, parallèlement entre, elles, et présentant sur la plaque E E, une coulisse pour y recevoir le fût (fig. 38), dont nous allons parler dans un instant. « Au-dessus de cet appareil est une forte pièce de bois J J, dont on voit l'épaisseur (fig. 41), mêmes lettres J J. Cette pièce de bois est traversée, à droite, par le montant D D, boulonné de ce côté ; elle est traversée sur la gauche par un autre montant en fer K L, avec lequel elle est boulonnée. « Il faut faire attention à la description des pièces qui vont suivre, et qui servent à fixer le papier ou les volumes à rogner. On voit que le montant K L est boulonné d'abord avec la pièce de bois J J, ensuite avec la pièce de fer forgée M N, et enfin avec le levier en fer R, S, I. Ces trois boulons permettent aux trois pièces un petit mouvement de rotation, comme une charnière. « Le levier R, S, I a son point d'appui sur le boulon I. Il est formé en fourche au point I, et dans l'intérieur de cette fourche, et sur le même boulon, se meut la pièce T I,qui n'est autre chose qu'un cliquet, comme on va le voir. Avant de passer à la description d'autres pièces, voici comment on parvient à fixer le papier ou les livres. La barre de fer M N, que la figure 42 représente à part, est formée en fourche au point M, et embrasse la pièce K L; de même que la pièce K L embrasse en L le levier R, S, I. On aperçoit que cette barre de fer MN a en O (fig. 39 et 42), une saillie intérieurement : cette saillie est destinée à appuyer fortement, par le milieu de l'appareil, sur une plaque de bois dur P P, fig. 43, précisément au point Q qui est plus épais, et dont les extrémités Q P, sont en plan incliné, afin que l'effort se distribue sur toute l'étendue de l'objet pressé. « Lorsqu'on a placé le papier ou les livres sur la table AA, au-dessous du point O, et sur une feuille de carton épais, on met dessus la pièce de bois P, Q, P ; on appuie fortement sur l'extrémité R du levier R S ; il fait descendre tout à la fois la barre J J et la barre de fer M, dont l'autre extrémité N appuie contre le dessous du boulon V. On fait descendre le point M jusqu'à ce que la barre MN soit parfaitement horizontale, et que, par le point 0, elle appuie fortement sur le point Q de la pièce de bois P, Q, P (fig. 43). Alors, en appuyant toujours sur le bras du levier R, sans lui permettre un retour en arrière, on pousse avec l'autre main, le cliquet T I, et on l'engage dans une des dents de la crémaillère S I, qui le retient parfaitement, de manière que rien ne peut bouger. Dans le cas où l'on n'aurait pas assez de papier pour remplir l'intervalle entre le point O et la table A A, on y suppléerait par des plateaux de bois plus ou moins épais, de la largeur et de la longueur de la planche P, Q, P, afin d'obtenir une pression suffisante, comme nous l'avons expliqué. « Voyons actuellement l'action du rognoir : « Au-devant de la plaque E E est placé le rognoir (fig. 38), dans les coulisses G G, H H. Il est dessiné à part dans cette figure, afin de rendre la figure 39 moins confuse. Les lettres a a indiquent deux anses cylindriques en bois, portées par des armatures en fer m m, dont un seul ouvrier se sert pour faire marcher la machine, en prenant d'une main celle qui lui est la plus commode. « L'effort à faire est si faible, qu'il ne faut jamais qu'un ouvrier. Au milieu de cette pièce est fixée une boite b, qui contient le couteau f, semblable à celui du relieur, et qui reçoit un mouvement vertical par la vis d, qui est à sa partie supérieure. Le rognoir est retenu dans les coulisses G G, H H (fig. 39) par les parties g g, h h (fig. 38). « La vis d du rognoir est surmontée d'un chapeau c triangulaire, tel qu'on le voit en c (fig. 41). Au-dessous de la pièce J J (fig. 39) sont fixés deux petits liteaux de bois r s, l'un plus long que l'autre, portant chacun une cheville en fer t, u, qui engrènent avec les trois dents du chapeau alternativement aux deux extrémités opposées du même diamètre, de sorte qu'elles font tourner ce triangle dans le même sens, afin de faire avancer le couteau d'un tiers de pas de la vis, à chaque mouvement de va-et-vient. « On conçoit actuellement avec quelle régularité s'opère cet enfoncement progressif, et combien de précision et de célérité doit présenter cet instrument, dont le relieur intelligent peut tirer un grand avantage. « M. Cotte a perfectionné cette machine qui travaille avec une célérité étonnante : il fait marcher le couteau à l'aide d'un engrenage. Une roue placée verticalement à côté de la machine, engrène dans un pignon qui porte un excentrique, et imprime au rognoir un mouvement de va-et-vient. La première roue porte un volant, et est mue par une manivelle ; le pignon porte aussi un volant. Cette machine n'exige qu'une très faible force. » Mais la presse à rogner, malgré les perfectionnements de détail qu'on a pu y apporter, ne répond pas aux besoins de la grande industrie. Il a donc fallu imaginer des appareils autrement puissants, et ce sont ces appareils qu'on appelle proprement machines à rogner. Parmi les machines de ce genre, une des plus populaires en France est celle de M. Massiquot, mécanicien à Paris, dont le nom est même devenu celui des coupeuses construites sur le même principe. Indiquons sommairement en quoi consiste un massiquot. Il se compose des parties essentielles suivantes : 1° Une table en bois sur laquelle glisse un plateau mobile. On fait avancer ou reculer ce plateau au moyen d'une chaîne de Galle fixée en dessous à ses deux extrémités, et venant engrener avec un pignon denté que porte un arbre disposé sur la table et qu'on met en mouvement en tournant une manivelle ; 2° Un bâti en fonte établi à demeure sur la table. Ce bâti se compose de deux pièces symétriques et verticales qui laissent entre elles un espace vide, dans lequel est placé un couteau en fonte garni à sa partie inférieure d'une lame d'acier tranchante. Ce couteau porte deux coulisses inclinées dans lesquelles sont engagés des galets dont les tourillons sont fixés dans le bâti. Ce couteau porte à sa partie supérieure une crémaillère inclinée parallèlement aux coulisses, et avec laquelle vient engrener un pignon qui est actionné par une manivelle montée sur un volant, et par l'intermédiaire de deux pignons et de deux roues. On multiplie ou diminue le nombre des engrenages selon les dimensions de la machine et la résistance des objets qu'on veut couper. Au-dessus du plateau mobile se trouve une forte règle en fonte, qui peut recevoir, par le moyen d'un volant, un mouvement de haut en bas ou de bas en haut. Elle sert à presser et à maintenir le papier ou les volumes à couper. Sur les côtés de la table sont placées deux règles divisées, qui portent, à leur partie inférieure une crémaillère dans laquelle viennent engrener des pignons qu'on met en mouvement avec une manivelle. Aux extrémités de ces deux règles est fixé un arrêt qu'on peut soulever et mettre de côté quand on le désire, car il est mobile autour de deux articulations. Cet arrêt est indépendant du plateau mobile ; il a pour destination de régler la grandeur des feuilles à couper, grandeur que donnent deux petits indices, et qu'on peut faire varier à volonté en avançant ou reculant les règles. La manière de se servir du massiquot est des plus simples. On place le papier on les volumes à couper sur le plateau ; on fixe avec l'arrêt la dimension des feuilles qu'on veut obtenir, après quoi on fait avancer le plateau. Le papier vient appuyer contre l'arrêt, on abaisse la règle, on fait descendre le couteau, et l'on relire le papier coupé en faisant tourner la règle autour de ses articulations. Le papier enlevé, on remet l'arrêt en place, et l'on recommence comme on vient de le dire. Nous allons maintenant décrire les machines à rogner qui figurent sur les planches. 1° Machine Perkins « M.J. Th. Perkins est inventeur d'une machine à rogner qui coupe, selon lui, avec une telle perfection et donne une tranche si unie et si nette qu'on peut procéder immédiatement à la marbrure ou à la dorure. « La figure 44, pl. 2, est une vue en élévation de cette machine. La figure 45, même pl., en est une vue en élévation latérale. « A, A, deux flasques en fonte, reliées entre elles par des traverses horizontales a ; B, B, montants venus de fonte sur les flasques A A. Au centre de ces montants existe une coulisse b pour recevoir les extrémités du plateau mobile C; lequel est pourvu d'une vis c, fonctionnant dans un écrou d, établi dans le chapeau ou traverse supérieure D. Un balancier, monté sur la tête de la vis c, sert, en lui imprimant un mouvement de rotation, à faire descendre le plateau C, afin de presser et maintenir en place avec fermeté sur le sommier de la machine le livre qu'on veut rogner. « EE, consoles boulonnées sur le côté du bâti et destinées à porter l'arbre horizontal F et la manivelle G. Sur l'une des extrémités de cet arbre sont enfilées deux poulies ee, l'une fixe, l'autre folle, et sur l'autre un bras de manivelle f. On peut de cette manière communiquer le mouvement à la machine soit à l'aide de la vapeur ou de tout autre moteur, soit à bras d'homme. g, roue dentée, calée sur l'arbre F qui engrène dans le pignon h monté sur l'arbre à manivelle G ; i, volant sur cet arbre pour régulariser les mouvements de la machine. « L'arbre à manivelle G, au moyen de la bielle K, communique un mouvement horizontal à la scie ou au couteau H, qui fonctionne entre des guides dans les montants BB. De chaque côté de ces guides sont insérées à vis des tiges qui s'avancent dans les coulisses et viennent buter sur la scie ou le couteau H, afin de lui donner un mouvement ferme et régulier. « I, sommier sur lequel est placée une table pour porter le papier ; ce sommier repose en outre sur un chariot qui glisse sur les deux côtés du bâti. En avant de ce bâti et fonctionnant dans ses appuis propres, est un arbre horizontal k, portant deux segments dentés Il qui engrènent dans des crémaillères verticales qq, glissant sur des barres de guide pp et reliées dans le bas par la traverse rr, aux deux bouts de laquelle sont articulées les bielles ss qui l'assemblent avec le couteau. Au milieu de la longueur de l'arbre k, est calée une poulie à poids m ; sur ce même arbre, il existe une roue à rochet n dans les dents de laquelle tombe, à certaines époques de l'opération, le cliquet n et enfin le levier o pour le service indiqué ci-après. « Voici comment on fait fonctionner la machine : « Avant de placer le livre qu'il s'agit de rogner dans la machine, il faut d'abord relever le couteau H, ce que l'on fait en abaissant le levier o sur l'arbre k qui agit sur les segments l et relève les crémaillères q, la barre r et les bielles verticales, et par conséquent le couteau qui s'y trouve articulé. Le livre est alors placé sur la table, en position convenable sous le couteau ; on abaisse le plateau C sur ce livre et on serre. En cet état, on imprime un mouvement de rotation à la roue dentée g au moyen du bras f ou de la poulie e, et le pignon h engrenant dans cette roue g, fait agir la manivelle G qui communique le mouvement alternatif nécessaire au couteau H. « Si l'on trouve que le poids de la lame du couteau et des pièces qui en dépendent ne suffit pas pour produire la pression nécessaire pour couper la matière sur laquelle on opère, comme par exemple quand on veut couper du carton, on applique un poids à la poulie m, ainsi qu'on le voit dans les deux figures. « Lorsque la lame a pénétré jusqu'au fond de la masse de papier, on suspend son mouvement alternatif en rejetant la courroie de transmission sur la poulie folle, ou en cessant de tourner le bras f. On relève alors le plateau C en faisant tourner la vis c en sens contraire, on soulève la lame, ainsi qu'il a été expliqué ci-dessus, et on la maintient dans cette position à l'aide du cliquet n' qu'on met en prise avec l'une des dents de la roue à rochet m. « Pour faire avancer le livre ou le papier pour qu'il soit rogné en tête ou en queue ou sur l'autre rive bien parallèlement à la première, on se sert de l'appareil représenté dans la figure 46 et qui consiste en une tringle t montée sur le côté extérieur du bâti, portant à l'une de ses extrémités une petite manivelle u, et légèrement conique à l'autre sur une certaine longueur, afin de pouvoir glisser dans une douille mobile v. « A cette douille est attachée une barre w qui s'étend sur toute la largeur de la machine et est pourvue à son autre bout d'une autre douille x, au travers de laquelle passe une seconde tringle y fixe sur le bâti et servant de guide pour assurer la marche ferme et correcte de la barre w dans ses mouvements en avant et en arrière. « A cette barre w est attachée une planchette qui, amenée en avant quand on fait tourner la manivelle sur la tringle t, pousse le livre u le papier vers la partie antérieure de la machine en la maintenant constamment paralléle au couteau. Arrivé dans la position convenable sur la table, on abaisse le plateau C sur l'objet et ou fait fonctionner le couteau. « On peut aussi construire la machine, comme l'indique la figure 47, c'est-à-dire monter les montants BB séparément du bâti en les y fixant à charnière. Alors le couteau fonctionne dans des guides distincts des montants et la partie supérieure de la machine, qu'on appelle la presse, peut être rabattue dans une position horizontale aprés que le livre ou le papier a été rogné, afin de pouvoir en marbrer ou dorer la tranche sans l'enlever de dessus la machine. « La figure 48 représente le couteau le plus propre à rogner le papier ou couper le carton, et la figure 49 celui à tranchant droit qui convient davantage pour couper les peaux ou les matières en laine ou en coton, car la machine peut servir à ces divers usages. » 2° Machine Delamarre « La machine à rogner le papier de M. Delamarre, qui a reçu successivement plusieurs perfectionnements, se distingue par plusieurs dispositions heureuses, et en ce que le coupage ou le rognage du papier ou du livre s'y opère non plus dans le sens horizontal, mais dans le sens vertical et par un mouvement angulaire du couteau. Elle est représentée dans son état actuel dans les figures suivantes : fig. 50, vue en élévation de face ; fig. 51, vue en coupe par les lignes 1 et 2 de la figure 50 ; fig. 52, vue en plan du couteau ; fig. 53, vue en coupe verticale de ce couteau, toutes pl. III. « L'appareil se compose du couteau A fixé par des vis dans un châssis en fonte ou en fer B, lequel se trouve assujetti dans trois de ses points par trois leviers de manoeuvre; le premier C, monté sur l'arbre D, est celui qui reçoit le mouvement ; les deux autres C'C' sont ajustés sur des goujons aa placés sur une même ligne horizontale. Le bâti en fonte se compose de deux jumelles EE supportant à la fois le mécanisme du couteau et de la commande qui se trouvent suffisamment élevés par un banc ou établi GG en bois ou en fonte. « Les feuilles à rogner reposent sur le bloc H et y sont pressées par un plateau en fonte I. On peut manoeuvrer ce plateau de la partie inférieure, soit par une vis à volant J, faisant monter ou descendre le balancier K et les tringles bb qui le retiennent, soit par une pédale. « Voici comment s'effectue le coupage ou le rognage des feuilles ou des livres soumis à l'action de la machine de M. Delamarre : « Supposons que ce soient des livres. Ces livres sont placés sur le bloc en bois qui surmonte l'établi, puis, au moyen de deux ou trois tours du volant J, sont serrés au degré convenable par le plateau I qui est solidaire avec les tringles bb et guidé dans son ascension par les rainures d. On comprend que la vis de ce volant, butant contre le socle ou écrou L, ne peut pas changer de place et par conséquent qu'il force le balancier, dont il a été question, à monter ou descendre et à produire le résultat qui vient d'être annoncé. « Le serrage des livrés étant ainsi effectué, on fait agir le couteau, qui descend toujours perpendiculairement en affleurant le bord du plateau. On obtient ce résultat en agissant sur la manivelle M, qui commande par son pignon N, la roue P et son pignon Q, montés sur le même axe e ; ce dernier pignon engrenant dans un secteur denté R monté sur l'arbre central D, tend à faire décrire à celui-ci un espace angulaire d'autant plus grand que l'épaisseur des matières est plus considérable, et par suite à entraîner les trois leviers C C' et C". C'est le jeu de ce mécanisme qui produit la coupe trés régulière du papier, car ces leviers se mouvant par leur partie supérieure autour d'un axe fixe, décrivent à leur partie inférieure et font, par conséquent, décrire au couteau un arc de cercle qui est, comme on sait, utile et même indispensable à un rognage propre et satisfaisant. « la cheville g, qui relie le châssis B et le levier C, fait saillie sur le devant de la machine, pour s'engager dans une coulisse h qui dépend du secteur R et mener le couteau d'une manière plus régulière et plus invariable. « Afin de pouvoir affûter ou rentrer et fixer la lame A à son châssis B; on a rapporté sur ce dernier des vis fff qui permettent de la manoeuvrer et de la serrer à volonté, suivant l'usure, les cassures ou le gauche qui surviennent assez habituellement. » 3° Machine Pfeiffer La machine à rogner de M. Pfeiffer est très expéditive. Elle se distingue des autres appareils de ce genre, en ce qu'elle peut aussi rogner la gouttière des livres, en lui donnant la forme concave qu'on a l'habitude d'appliquer à la tranche, opération assez délicate que peu de relieurs pratiquent avec un plein succès, et que cette machine au contraire exécute, d'une manière parfaite et avec célérité. En voici la description, toutes les figures se trouvant sur la même pl. et les mêmes lettres désignant les mêmes parties. « Fig. 54. Vue de face de la machine. « Fig. 55. Vue de profil. « Fig: 56. Profil et vue de face partielle du couteau à lame courbe. « Fig. 57. Détail relatif au mouvement du couteau à lame courbe. « Fig. 58. Vue debout de la machine. « Fig. 59. Section verticale perpendiculaire au plan de la figure 54. « Fig. 60. Profil du couteau à lame droite. « Fig. 61. Détail relatif au mouvement du couteau à lame droite. « Cette machine accomplit deux operations distinctes, celle qui consiste à rogner les tranches planes des livres et celle qui a pour but de rogner circulairement la tranche longitudinale, c'est-à-dire de pratiquer ce qu'on nomme la gouttière. « Chacune de ces opérations étant faite au moyen d'organes spéciaux, entièrement séparés, bien que portés par les mêmes bâtis, il est important de les décrire séparément. « Les dessins montrant la machine disposée pour la seconde opération, nous décrirons celle-là la première. « Rognage circulaire. - X X, bâtis en fonte parallèles, supportant tous les organes de la machine ; ils sont reliés par trois tirants boulonnés y. A, table principale sur laquelle se font les opérations ; elle est boulonnée sur les bâtis X. V' est le volume sur lequel doit être pratiquée la gouttière ; on voit sa position fig. 59. B B, mâchoires entre lesquelles on place plusieurs volumes lorsqu'il s'agit de rogner des tranches planes ; mais, lorsqu'il s'agit ; comme ici, de rogner circulairement, opération qui ne permet d'agir que sur un seul volume à la fois, on ajoute aux mâchoires BB, qui occupent toute la largeur de la table A, de petites mâchoires mobiles bb moins larges, qui s'y adaptent au moyen de goujons se logeant dans des trous correspondants. Pour soutenir la petite mâchoire supérieure b, on opère un serrage au moyen de deux petites vis à poignées o,o, fig.58. « Les mâchoires BB sont montées sur des vis verticales C à filets opposés, disposées de l'un et de l'autre côté de la table A (fig. 56, 57 et 58) et dont le mouvement permet d'éloigner ou de rapprocher à volonté les mâchoires suivant l'épaisseur sur laquelle le serrage doit être opéré. DD, roues d'angle fixées à la partie inférieure des vis C. dd, pignons coniques engrenant avec les roues D et calés sur l'arbre E porté par les bâtis. C'est à l'aide du volant à poignées F qu'on communique le mouvement au système. « G (fig. 59) est le couteau à lame courbe qui sert à pratiquer la gouttière ; la figure 56 en donne à une plus grande échelle une section verticale et une vue partielle de face. La lame, qu'on peut changer à volonté, forme une portion de cylindre dont 1e rayon est égal à celui que doit avoir la concavité de la tranche, suivant la dimension du volume. H est le porte-couteau auquel le couteau est solidement vissé (fig. 59). I, secteur denté au centre duquel est fixé le porte-couteau, et servant à imprimer à la lame courbe un mouvement de rotation de haut en bas. j, pignon transmettant le mouvement au secteur I. K, grand volant à poignées commandant le pignon j au moyen des engrenages 1 et 2. « Le mouvement circulaire n'est pas le seul que le couteau G reçoive; il doit être animé en même temps d'un mouvement de glissement horizontal, en sorte que la résultante des deux mouvements est, pour ainsi dire, une hélice suivant laquelle le rognage est opéré, condition essentielle pour éviter les bavures. Or, ce second mouvement est obtenu de la manière suivante : Le porte-couteau H, se prolongeant du côté du volant K, est relié à un système indiqué en coupe longitudinale, fig. 57, qui se compose d'un arbre L enfermé dans un manchon et forcé de se déplacer horizontalement par suite d'un artifice produisant un mouvement excentrique. Cet artifice est obtenu au moyen d'une vis v, dont la queue est engagée dans une rainure hélicoïdale r. Enfin, l'arbre L porte un engrenage 3 qui reçoit son mouvement de la roue l calée sur l'axe du volant K. « Par suite de ces dispositions, lorsque le volant K est mis en mouvement, le couteau G est animé à la fois d'un mouvement circulaire et d'un mouvement de translation alternatif horizontal. « Tout le système que nous venons de décrire est porté par un chariot M pouvant glisser à volonté sur la table A, qu'on approche du volume lorsqu'il s'agit de pratiquer la goultière, et qu'on recule à l'extrèmité de la table lorsqu'on doit procéder au rognage des tranches planes. Les dessins représentent l'appareil au moment où la gouttière venant d'ètre faite, le volume est encore en place et le chariot M a été reculé. Ce charriot est mis en mouvement au moyen, de deux pignons d'angle ii placés à droite et à gauche (fig, 54, 55 et 59), et à l'axe desquels il est relié. Les pignons i engrènent avec d'autres pignons n calés sur un même arbre et commandés par le volant à manivelle SS'. « Rognage des tranches planes. - Supposons maintenant qu'il s'agisse de rogner les tranches planes : ici l'opération peut être pratiquée facilement sur plusieurs volumes à la fois. « N est une table mobile qui est relevée, ainsi que l'indiquent les dessins (fig. 55 et 59), lorsque le couteau à lame courbe opère et qu'on abaisse, aprés avoir reculé le chariot M, pour venir recevoir les volumes qu'on serre en nombre quelconque entre les mâchoires BB. (Pour cette opération les petites mâchoires bb doivent être enlevées.) « gg sont deux tringles horizontales placées à droite et à gauche, et qu'on pousse, lorsque la table N est abaissée, jusqu'à ce qu'elles viennent loger leurs extrémités dans des trous correspondants ménagés dans cette table. « La plaque verticale de fond de la table N est mobile et, par conséquent, peut être avancée ou reculée, suivant la dimension des volumes qui viennent y appuyer la tranche opposée à celle qui doit être rognée. hh (fig. 54 et 58), règles verticales mobiles servant à équerrer les volumes. « Le mouvement vertical de la table N est obtenu au moyen de deux crémaillères PP qui y sont fixées, et engrènent avec deux pignons pp, placés sur un même axe horizontal. Ces pignons pp sont commandés par un petit volant Q, au moyen des roues d'angle 4 et 5 (fig. 58 et 59). G est une roue à rochet calée sur l'axe du volant Q, avec levier d'encliquetage R, et servant à maintenir la table N à son point d'arrêt lorsqu'elle a été remontée. « T, couteau à lame droite occupant horizontalement toute la largeur de la machine. Il se compose d'une partie fixe et d'une partie mobile, la lame, laquelle pouvant être changée à volonté, s'adapte dans une rainure de la partie fixe, et y est serrée au moyen de quatre boulons (fig. 54 et 60). « V V, coulisses jumelles en fonte, assemblées verticalement sur la table A, réunies en une seule arcade, et entre lesquelles glisse le couteau T dans son mouvement de montée ou de descente : Ce mouvement est en outre guidé au moyen de deux règles obliques xx, formant parallélogramme, et reliées, d'une part, à l'arcade V V, et d'autre part, au couteau lui-même. « Bien qu'il opère toujours dans un plan vertical, ce couteau n'agit pas perpendiculairement à la tranche des livres qu'il doit rogner ; mais il descend obliquement et opère, en quelque sorte, un sciage. Ce résulat est obtenu à l'aide des dispositions suivantes : « Z est une vis à direction oblique, dont l'axe fait avec l'horizon un angle égal à celui que décrit le couteau T dans sa course. Elle est reliée à ce couteau par deux bras en fonte. Sur l'axe de la vis Z est un écrou u visible, fig. 61, lequel est enfermé dans un manchon qui porte une roue d'angle 7. « W est un volant à manivelle à l'aide duquel on imprime le mouvement à la roue 7, et par conséquent à l'écrou u par l'intermédiaire des engrenages 8, 9, 10 et 11 (fig. 55). Il suffit donc de tourner ce volant dans un sens ou dans l'autre, pour faire descendre ou monter obliquement le couteau. » 4° Machine à rogner la gouttière « On doit à MM. G. Trink et L. Heitkamp, de New-York, l'invention, en 1862, d'une machine à rogner la gouttière des livres dont le croquis, fig. 62, suffira pour donner une idée suffisante. « cette machine se compose d'un établi a sur la surface duquel repose une table b qu'on cale au moyen de vis dd, pour lui donner une position bien horizontale. C'est sur cette table qu'on dispose le volume dont on veut faire la gouttière. Une petite presse à vis e qui surmonte la table, maintient fermement ce volume à sa place, et un ais à gorge f qu'on place derrière le dos, et que serrent anssi les vis de calage, contribuent à le rendre immobile. « Dans cet état, on en approche le couteau g, qui a une structure particulière. Ce couteau se compose d'une lame dont le biseau est placé dessous, et dont le dos est arrondi, suivant la courbure qu'on veut donner à la gouttière. Cette lame est arrêtée par des vis sur une monture dont les extrémités présentent la même courbure que le dos de la lame, ou plutôt en sont la continuation. « En outre le tranchant de ce couteau a une forme un peu courbe d'une extrémité à l'autre, et le dos en est poli avec beaucoup de soin. Ce couteau avec sa monture peut tourner sur un axe qui forme le point de centre de sa courbure, et est manoeuvré par un levier h. Enfin il est mobile et en coulisseau, comme le couteau ordinaire, dans des coulisses de la table parallèles à la longueur du volume. « Pour opérer avec cetle presse, on place le volume sur la table, le couteau touchant le point où doit commencer la gouttière. On l'arrête un moment à ce point, comme il a été dit, puis on fait voyager en va-et-vient devant soi le couteau qui commence à en couper les feuillets. Aussitôt que l'ouvrier sent que le couteau ne mord plus, il le fait tourner doucement au moyen du levier h, ou à l'aide d'un autre moyen plus délicat, et continue ainsi jusqu'à ce que le couteau, dans son mouvement partiel de rotation, ait rogné la gouttière sous la forme qu'elle doit recevoir. « On fera remarquer que non seulement le couteau rogne la gouttière, mais que, de plus, par son dos parfaitement lisse et uni, il la polit à l'intérieur et lui donne de l'éclat et du brillant. « Cette machine est fort, ingénieuse et mérite qu'on en fasse l'essai en France ; seulement, quand on voudra lui donner toute la précision et l'utilité convenable, il sera peut-être nécessaire d'en compliquer un peu le mécanisme. « Nous ferons en outre remarquer qu'un seul couteau ne peut pas rogner correctement les gouttières de livres d'épaisseurs différentes, et qu'on est peut-être obligé d'avoir une série de couteaux à lames et montures de courbures diverses pour ces différentes épaisseurs : mais dans les cas assez fréquents où l'on a à relier un grand nombre de volumes de même format et de même épaisseur, la machine à un seul couteau peut faire un bon service. « Il serait possible, il est vrai, de rendre mobile au besoin le point de centre autour duquel tourne le couteau, et de l'ajuster à la courbure qu'on veut donner à la gouttière, et déjà une vis i sert à le mettre de hauteur ; il faudrait en outre qu'on pût faire varier la longueur du bras de levier du couteau. Dans tous les cas, la courbure de la gouttière ne correspondrait plus avec celle du dos, et celui-ci ne lisserait plus bien cette gouttière. « L'affûtage de ce couteau doit aussi être fait avec un certain soin, pour ne pas altérer la courbure ou le poli du dos. « Enfin, il nous semble, quoique l'inventeur garde le silence à ce sujet, qu'on peut rogner aussi avec cet appareil le volume en tête et en pied, et qu'il suffirait pour cela, avec quelques légères modifications, de pouvoir rendre le couteau fixe dans une position déterminée, et, au contraire, le volume, bien maintenu, mobile dans deux sens, l'un transversal devant le couteau, et l'autre d'élévation, à mesure que le rognage ferais des progrès. » |
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