Art de faire le papier |
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Du travail des étendoirs, et des attentions qu'on doit y apporter
331. L'une des deux femmes qui sont chargées d'étendre le papier, va chercher, comme nous l'avons dit, l'ouvrage d'une selle à la chambre du collage, et le place entre elles deux sur une selle. La jeteuse détache une à une ces feuilles mouillées de dessus le ballon, avec une adresse qui surprend ceux qui en sont les témoins, quelquefois en soufflant, quelquefois avec une légère secousse, prenant toujours la feuille par le bon carron, c'est-à-dire par le coin que le leveur a déjà marqué de ses doigts. Quand la jeteuse a détaché avec la main une feuille jusqu'au milieu, l'étendeuse baisse et approche son ferlet sur le milieu de la feuille, que la jeteuse renverse sur le ferlet ; alors l'étendeuse relevant doucement le ferlet, passe la feuille sur une corde qu'elle tenait de l'autre main. 332. Si la jeteuse glisse la main trop vite sous la feuille qu'elle sépare du ballon, elle y fait un trou fort aisément ; si elle jette la feuille sur le ferlet, avant qu'il soit bien droit et rangé sur le milieu du ballon ou des ramettes, elle casse une des rives ; si elle enlève deux feuilles à la fois, et qu'on les laisse sécher ensemble, elles se collent de manière à ne pouvoir presque plus se séparer : elles sont communément perdues toutes deux. 333. Lorsque la jeteuse casse son carron, elle soude sur couture ; c'est-à-dire qu'elle en rapproche les bords, les serre entre ses deux doigts, et les aplatit avec l'ongle du pouce. On les réunit à la vérité ; mais les marques y restent toujours, et forment des pieds-de-chèvres. 334. L'étendeuse doit observer de son côté de bien ranger le ferlet, de ne le retirer que quand la feuille porte bien également sur la corde par ses deux rives, de ne pas égratigner la feuille en retirant le ferlet, de ne pas trop approcher une feuille de l'autre, ce qui double les rives et forme des chaperons. 335. On ne doit jamais discontinuer une ramette lorsqu'elle est commencée; les feuilles deviendraient trop sèches, et l'on en casserait beaucoup. Toutes les opérations de l'étendoir doivent se faire de jour, autant qu'il est possible, parce qu'en y portant des lumières, les accidens du feu y seraient trop à craindre. 336. Lorsque les feuilles sont sèches, papier collé ou non collé (car, comme nous l'avons dit, il y a des papeteries où l'on ne colle point), les femmes vont le retirer de dessus les cordes, comme on le voit en D (pl. VIII, fig. 3). On prend les feuilles de la main droite une à une ; avec une petite secousse de la main, on les amène l'une sur l'autre ; et lorsqu'on en tient cinq à six, on les rabat sur le bras gauche par un seul mouvement : c'est ce qu'on appelle encore faire des poignées. Lorsque le bras est chargé d'une poignée, on la dépose debout, comme cela se voit en B, et ensuite on porte tout dans la chambre du lissoir.
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