Art de faire le papier |
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De la colle
287. Le papier qui a été formé par les opérations précédentes, serait suffisant pour écrire avec le crayon, ou des matières sèches ; mais l’encre dont nous nous servons, et qui contient une espèce d'humidité, pénétrerait le papier, s'il n'était enduit d'une couche de matière plus difficile à dissoudre par l'humidité. 288. On doit avoir pour le collage une chambre voûtée, afin de se garantir des incendies, aussi bien que des ordures qui pourraient gâter ou le papier ou la colle. Dans cette chambre représentée à la planche IX, fig. 1, on voit deux grandes chaudières de cuivre G, H, enchâssées dans de la maçonnerie, et une autre moindre I, nommée le mouilloir, en Auvergne le mouilladoir, qui est simplement placée sur un trépied, avec un réchaud de feu par-dessous. La première chaudière G a trois pieds et demi de diamètre sur deux et demi de profondeur, et c'est là qu'on fait cuire la colle. La seconde chaudière H est presque de la même grandeur ; elle sert à passer la colle. Enfin c'est dans le mouilloir I que se fait l'opération du collage. 289. La colle se fait avec des retailles que l'on prend chez les tanneurs, les chamoiseurs, les mégissiers ou blanchisseurs de peaux, et même chez les bouchers. Elle consiste en morceaux ou rognures de cuir, oreilles, collets, pieds, tripes, et autres menuisailles de toutes sortes de bêtes à quatre pieds, excepté du cochon. 290. Dans les bonnes fabriques on se sert, par préférence, des retailles de chamoiseurs, de mégissiers et de blanchers, qui n'emploient que des cuirs de chevreaux, d'agneaux ou de montons : c'est ce qu'on appelle la brochette. La colle en est plus claire que lorsqu'on emploie les retailles de tanneurs, qui fournissent des cuirs de vaches, de boeufs et de veaux. On doit avoir soin de les bien fouler et laver, pour en ôter la poussière de chaux qui en altère la qualité, et qui ternit la colle. 291. Celle qui est faite avec les rognures des cuirs de tanneurs, est forte ; mais elle diminue la blancheur du papier. Les rognures de peaux de moutons, que vendent les peaussiers et les chamoiseurs ; donnent une colle plus blanche que la précédente ; mais elle n'est pas si forte. On emploie aussi les rognures de parchemin pour les belles qualités de papier. 292. Mais la meilleure serait sans doute cette belle colle de poisson, qu'on emploie pour clarifier le vin, pour blanchir la gaze et lustrer les ouvrages de soie. Les Hollandais vont la chercher à Archangel, et ils en font le commerce dans toute l'Europe. On assure que cette colle est faite avec la peau, les nageoires et les parties moellagineuses d'un poisson appelé huso ou exossis, que les Moscovites font bouillir à petit feu jusqu'à la consistance d'une gelée ; ils l'étendent ensuite de l'épaisseur d'une feuille de papier, et en forment des pains ou des cordons, tels que nous les recevons de Hollande ; mais comme cette colle est chère, il faudrait aspirer à une bien grande perfection, pour entreprendre d'en faire usage dans la papeterie. 293. Il pourrait du moins y avoir quelque avantage à employer de la colle ordinaire en pains, telle qu'est la colle de Flandres ou la colle forte ; elle serait plus épurée (*) ; on saurait plus précisément la quantité qui est nécessaire pour faire un bon collage ; et l'on aurait une colle qui serait toujours de même force (72). 294. Quelques papetiers mettent un peu de bleu-d'Inde dans leur colle, pour corriger la teinte jaunâtre qu'elle peut laisser au papier.
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