Art de faire le papier |
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Des feutres
230. Les feutres (60) qu'on appelle aussi flautres, floutres, revêches, ou langes, sont les pièces de drap qui s'étendent sur chaque feuille de papier. Le drap est fait exprès pour cet usage, d'une laine blanche assez douce et longue. Les feutres doivent être sans pièces et sans coutures, autant qu'il est possible. Ceux de la manufacture de Montargis se fabriquent à Beauvais ; ceux dont on se sert en Auvergne sont de laine du pays, et se fabriquent autour de Saint-Léonard en Limousin. Les feutres sont bien refoulés, pour qu'ils ne fassent point d'impression sur le papier, comme ferait une étoffe croisée. 231. Ils doivent être fabriqués avec de la laine de toison la plus fine et la plus longue ; la chaîne doit être filée plus grosse et moins tordue que |a trame, afin que la trame s'incorpore mieux dans la chaîne ; on n'en doit tirer le poil avec le chardon que d'un côté. Le feutre fabriqué avec ces précautions, formera une corde imperceptible, ne donnera point de rugosités au papier, et en boira plus aisément l'humidité superflue. Cependant, dans la pratique ordinaire, on ne fait pas grande attention à la qualité des feutres ; les uns prennent du gros drap, d'autres une espèce de pluche, celle sur-tout dont les gainiers doublent leurs ouvrages. Il y en a aussi qui les font tondre, pour qu'il n'y ait pas de grands poils. 232. Pour attendrir ces feutres, ou leur donner plus de souplesse, on les lave lorsqu'ils sont neufs, avant que de les mettre en usage ; on les coud aussi tout autour, pour empêcher qu'ils ne s'éfilent. 233. Les feutres doivent être entretenus dans une certaine propreté, et ne peuvent guère servir qu'une semaine sans être nettoyés. Ainsi, quand ils ont été employés pendant six jours, on les fait tremper quatre ou cinq heures dans une cuve de bois, où l'on a mis de la savonnade chaude, c'est-à-dire, du savon fondu dans l'eau à raison de quatre onces pour chaque porse (61) de feutres ; quelques-uns y mettent aussi une pinte d'huile de poisson sur deux livres de savon. On fait écouler ensuite cette savonnade, et l'on jette sur les feutres une nouvelle eau pure et bien chaude, puis on les bat deux à deux avec des battoirs sur un banc de chêne ; qui se nomme en Auvergne le batadoir ; il a sept pieds de long, deux de large, et quatre pouces d'épaisseur. Quand on a trempé deux fois les feutres dans cette seconde eau chaude, et qu'on les a battus à deux reprises différentes, on les porte dans une seconde cuve, où l'on tient aussi de l'eau pure et chaude ; là on les rince en les tenant à deux mains, et par les deux bouts, un à un. En les tirant de cette seconde eau pure, on les tord, et on les porte près du ruisseau sur une planche ; on les passe à deux mains, et un à un, par les deux bouts dans l'eau courante ; et les mettant en piles sur des planches, on les porte sous la presse, pour en faire dégorger l'eau, après quoi on les met dans les étendoirs jusqu'à ce que la plus grossière humidité soit passée. Il n'est pas nécessaire qu'ils soient tout-à-fait secs pour servir à coucher les feuilles de papier ; mais il est essentiel qu'ils soient bien dégraissés. Voyez, au sujet de cette graisse, ce que nous avons dit ci-dessus. 234. Lorsque les ouvriers de cuve sont chargés de laver les feutres, on diminue cinq porses de leur tâche le jour où ils lavent ; mais communément on aime mieux donner cet ouvrage à des laveuses. 235. Les feutres servent ordinairement dix-huit mois. Lorsqu'ils montrent la corde, on les met au rebut. On ne veut pas cependant qu'il y ait trop de poil ; car les uns les font tondre avant de s'en servir, d'autres n'emploient les feutres neufs que pour faire du papier bulle, et après qu'ils ont été lavés deux ou trois fois, les font servir au papier fin. Quand les feutres sont neufs, on observe de tenir la cuve moins chaude qu'à l'ordinaire, en sorte qu'elle soit seulement un peu plus que tiède. 236. On prétend qu'il y aurait de l'économie à faire teindre ces langes en petite teinture (62), et qu'il n'y aurait rien à perdre du côté de leur usage, mais je ne les ai jamais vus qu'en laine blanche. 237. Nous avons dit qu'il fallait conserver dans les feutres un côté moins velu que l'autre ; c'est sur le côté le moins velu que se couche la feuille : elle est trop tendre et trop facile à percer dans le moment qu'on la couche, et le frottement des poils de la laine pourrait la froisser ; au lieu que le feutre qu'on étend ensuite sur celle, feuille, ne frotte pas avec la même force.
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