Art de faire le papier |
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Manufacture située en plaine
81. Après avoir exposé la situation d'une papeterie placée aux pieds des montagnes, nous allons en décrire une qui est située dans la plaine, où l'art est obligé de suppléer à ce que faisait la nature seule dans le premier cas. Le meilleur modèle que l'on puisse choisir est la manufacture de Langlée, près de Montargis, dont les différentes parties ont été disposées avec tout le soin et toute la magnificence (27) qu'il était possible d'y mettre. Elle est située près du canal de Montargis, où elle prend toutes les eaux qui lui sont nécessaires. 82. Dans le milieu du bâtiment est un canal qui conduit l'eau dans un bassin de réserve, d'où elle se distribue par deux issues placées aux deux extrémités, dans deux coursières pour faire tourner les deux roues des moulins. La disposition des lieux n'a pas permis d'avoir beaucoup de chute, en sorte que les roues ont moins de force qu'il n'en faudrait pour leur première destination. On peut remarquer aussi que l'eau, à son arrivée dans la coursière, et vers les empélemens, aurait dû être un peu plus au large, afin de baisser moins après avoir passé les empélemens. Il faudrait enfin que les issues fussent plus dégagées ; le mouvement de l'eau en serait plus prompt, et la force plus grande. 83. Chacune de ces trois roues est mue dans une coursière par le moyen de l'eau qui coule dans l'intérieur de la fabrique, et se décharge de l'autre côté. Indépendamment des cylindres que cette roue met en mouvement, elle porte une manivelle à l'extrémité de son axe ; cette manivelle donne le mouvement aux pompes, par le moyen d'une tringle qui va jusqu'au bâtiment de pompe. L'eau ne s'insinue dans le puisard, qu'après avoir été filtrée au travers de plusieurs lits de cailloux (§. 76). C'est là que deux pompes foulantes et aspirantes puisent sans cesse de l'eau pour remplir le réservoir, qui est dans la partie la plus élevée de l'atelier des moulins. 84. Ce réservoir n'est soutenu que par une charpente, parce qu'il a été fait à près coup ; il aurait pu être placé sur une voute, et occuper une très-grande longueur. Quoiqu'il en soit, dans son état actuel il a trente-trois pieds de long, il est doublé de plomb, et l'eau qui y séjourne y dépose la plus grande partie de son gravier ; s'il était encore plus étendu, l'eau y séjournerait plus long tems, et s'y clarifierait encore mieux. Il eût été même plus avantageux de prendre l'eau à une lieue de là, dans une partie du canal de Montargis, plus élevée et plus voisine du point de partage ; on aurait évité le travail des pompes, qui agite l'eau et qui la trouble ; on l'aurait amenée facilement par des conduites en poterie, qui, à quatre pouces de diamètre ne coûteraient guère que vingt livres la toise. 85. L'eau du réservoir se distribue par de petits tuyaux de conduite qui régnent le long des murs, non-seulement dans les cuves à cylindres, qui en sont assez voisines, mais encore dans les cuves à ouvrer. La partie gauche de l'atelier a un pareil réservoir ; mais il est plus petit, comme on le dira ci-après. 86. Le bâtiment est distribué de façon que la matière du papier, dans les différens états par lesquels elle doit passer, suive l'étendue du bâtiment, qui est de plus de cent toises, en commençant par l'aile gauche où les chiffons se préparent, jusques à l'aile droite où le papier étant fini se plie et se met en magasin. Nous n'avons représenté dans le plan des bâtimens, que les parties les plus nécessaires à l'intelligence de l'Art qu'il s'agissait de décrire. Dans l'aile gauche, on a placé dans l'entresol la salle du délissage ; dans la partie du milieu, le rez-de-chaussée renferme le pourrissoir avec l'atelier des moulins et des cuves ; dans l'aile droile, le rez-de-chaussée comprend les salles du pliage ; on y voit les tables, dont il sera parlé plus bas, les presses, le marteau qui sert à donner le premier apprêt, et les piliers qui servent à soutenir les planchers. 87. Quant au reste du bâtiment, le rez-de-chaussée de l'aile gauche sert aux ateliers et aux magasins de charpente et de menuiserie. Le premier étage des deux ailes, qui est en forme de mansarde, sert à étendre le papier feuille à feuille après la colle ; c'est là le grand étendoir qui règne dans tout le bâtiment, et occupe le premier étage du grand corps-de-logis. Le second étage en mansarde du grand corps de bâtiment, sert à tendre en pages avant que le papier soit collé ; c'est là le petit étendoir. L'entresol dans l'aile droite, sert de magasin pour les papiers qui sont absolument finis et pliés en rames. A l'extrémité des deux ailes, le premier étage est destiné aux logemens des propriétaires, des intéressés et des directeurs de la manufacture. 88. Hors de l'enceinte des bâtimens que nous venons de décrire, il y a aussi deux corps de bâtimens pour les logemens d'ouvriers ; et dans une des extrémités de l'enceinte, il y a un pavillon destiné seulement pour l'opération de la colle : il y a soixante-quatre pieds sur quinze dans oeuvre. Une moitié du rez-de-chaussée suffit à coller le papier, l'autre moitié sert à décoller les papiers défectueux, que l'on est obligé de refondre ; et la mansarde de ce pavillon est destinée toute entière au magasin des rognures qui servent à la colle.
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